31.3.10

Il y avait quelque chose de drôle aujourd'hui. C'était cet homme dans la gare qui regardait un seau, en attendant qu'une goutte d'eau tombe du plafond, pour savoir si elle allait tomber dedans, ou à côté.
Je me suis longtemps demandé ce qu'il faisait comme ça, immobile devant un seau, et quand j'ai compris je me suis dis, bah oui, c'est logique finalement.

30.3.10


L'autre jour avec Faustine, on marchait en direction d'un truc à sushis, on s'en foutait de tout, on rigolait quoi, en marchant vite, il allait pas tarder à pleuvoir, on se moquait sans doute de plein de trucs de nos vies, on était des filles. Et puis y'a eu ces deux types, ils se sont mis à marcher à côté de nous, à la même hauteur et la même vitesse. Y'en a qu'un seul qui nous a parlé mais au vu du "on" qu'il employait, il devait parler pour les deux. Il disait des trucs comme:
"On vous a vu t'aleur, y'a quoi, une heure, plutôt vers Bellecour, et comme on vous recroise là on s'est dit quand même quoi, la coïncidence, donc du coup on est venu vous parler. En plus bon, vous êtes pas mal et vous avez l'air simpa quoi. Vous faites quoi dans la vie? Du design graphique huuuum, et donc vous designez quoi en fait? Et sinon vous connaissez l'Cosmo? A côté de l'Ayers là, ouais? Bon, nous on y va pour 20h15, ça ouvre à 20h, à 20h15 on y est, une table au fond vous voyez, bon bah, si vous voulez vous joindre à nous après votre restau, on y s'ra quoi."
Nous on leur disait oui oui mais vous savez le restau, il va peut-être être long alors nous attendez pas pendant des heures et puis bon. Et puis on a traversé la rue pour les abandonner car le Cosmo, c'était plutôt vers la gauche. On a traversé et le type a crié:
"Hey les filles, au moins ce soir, vous pouvez vous dire qu'il y a quelqu'un qui vous attend! C'est bien ça non? De se dire ça?"

Et c'est vrai, c'est bien de pouvoir se dire ça.

29.3.10

J’ai laissé le train me faire couler lentement, d’une ville à l’autre. J’étais sereine, c’est rare mais j’étais sure de l’être, pour une fois. Je ne ressentais pas cet étirement de mes chairs, il y avait comme un semblant de désir dans ce retour. Je ne sais pas d’où il provenait, il était là, en moi, ce semblant de désir de changer de lieu qui m’est souvent étranger, ce semblant de désir de le quitter car ce qui devait être fait, l’a été. Comme lorsque l’on finit quelque chose de bon, sans regret, et que l’on n’éprouve pas le besoin de faire durer les choses inutilement. C’est un peu ce que j’apprends à l’école, le less is more.
Lorsque je suis arrivée sur le quai, je l’ai vu, l’homme que je vois peu, avec qui je ne parviens à communiquer que par les touches du clavier. J’ai eu peur de le voir, je le connais, mais parfois entre deux êtres il y a quelque chose d’effrayant à partager le même espace pendant deux heures. Je crois que c’est lorsqu’il m’a aperçu, qu’il s’est éloigné. Je sais que j’aurai de toute façon respecté cette distance, que j’envisageais également.
Une fois dans le train, j’ai écouté ses chansons. Je le savais dans le wagon suivant, j’avais sa voix dans moi. J’écoute souvent ce qu’il fait, je n’ai que quatre morceaux, mais ce sont des choses qui m’impressionnent et me bercent, me bercent en m’embarquant bien ailleurs. Ce sont des choses endolories tout de même.

L'image: ma lino-forêt

28.3.10

Demain, je vous dirai ce que j'ai fait ce soir.
J’étais juste là, jetée violemment dans quelque chose de plus froid et sophistiqué que d’habitude. Je me sentais comme lorsque l’on se fait couper vingt centimètres de cheveux et que l’on se cache derrière des platanes pour ne pas attirer l’attention. Il n’y avait aucun platane, seulement des dizaines de tombes, et soudain, le trou. Un trou creux, long, profond, avec une terre humide et sombre, comme on jardine. Je ne pensais pas que le trou serait là, étrangement, je ne pensais pas que cette blessure béante allait s’offrir à nous ainsi. Je m’attendais à quelque chose de plus, de plus «dans la norme», de moins provoquant. J’ai eu cette soudaine impression qu’on avait creusé un trou semblable dans tous les corps de la cérémonie, que l’on se baladait creux comme des écrous.
Il n’y avait pas de pelle posée sur le sol, aucun homme n’avait de gant de jardinage, le trou avait été creusé plus tôt dans la matinée, bien avant l’arrivée du cercueil. Je trouvais ça dingue, que des hommes aient été en train de creuser pendant que l’on chantait à l’église. Je n’y avais pas songé, j’ai pensé avoir raté quelque chose, un peu comme lorsque l’on oublie un anniversaire, que les choses se déroulent, mais se déroulent sans nous, et que l’on s’en rend compte bien plus tard. Comme lorsque l’on veut nous préserver, que l’organisation des humains nous ménage.
Ils ont descendu le cercueil au bout de deux cordes, bien en cadence, j’imaginais l’objet lourd, lourd d’un corps mort, est-ce qu’un corps mort pèse plus lourd qu’un corps habité? En cela qu’il ne se porte plus du tout ni ne tente de s’élèver. J’ai souvent porté ma tête, en la laissant tomber dans le creux de ma main, en essayant de ne plus exercer aucune force dans mon cou. Mais je crois que c’est impossible, de ne plus exercer la moindre force pour se maintenir, rien qu’un peu. Notre tête semble alors peser aussi lourd qu’un sac de voyage pour un week-end minimum.

27.3.10

Jocelyne elle est arrivée dans l'émission, ils l'ont présenté, une agricultrice à la retraite. Elle était en salopette en jeans, mais quand même en dessous, y'avait un haut en dentelle blanche. Et ça, c'était déjà vraiment Jocelyne.
Elle a dit bonjour aux journalistes puis elle a demandé "Alors, est-ce que c'est ce que vous vouliez, la dame que vous avez devant vous? ça vous plait?"
Comme si ils auraient pu réussir à deviner qui elle était en moins d'une minute.
"68 ans dans un mois."
Elle a emmené tout le monde sur un petit chemin à l'écart de tout. Elle a dit "Vous savez c'est un si petit village, on ne peut pas parler d'orgasme."
"C'est même plus tabou pour eux, c'est sale." qu'elle a dit. "C'est avoir la cuisse légère."
Jocelyne, c'était une Emma Bovary, elle rêvait d'aventures vertigineuses. Elle avait un mari, qui ne savait pas du tout ce que signifiait femme ou aventures.
Et puis elle a rencontré un homme.
"Nous savions que nous n'avions que deux ou trois nuits. La première nuit, j'ai cru mourir, mourir par ce désir et cette satisfaction. J'ai eu mon premier orgasme à cet âge là et oui, 46 ans."
"C'était comme si on m'avait piqué les fesses avec une pile électrique. Le coeur bat bizarrement, c'est comme un miracle. Comme si que le ventre s'ouvre, c'est, c'est beau."
"Voilà, puis nous nous sommes quittés après ces deux jours, nous avions des larmes."
Là, Jocelyne se mord les lèvres avec ses dents de devant. En pensant à ces deux jours de 22 ans plus tôt.
"Je savais que c'était fini. C'est une belle histoire." Elle fait des pauses entre les mots et sa voix est faible.

25.3.10

J'ai enfilé un col roulé mais j'ai peur d'avoir trop chaud.
J'étais fatiguée, là dans le canapé à penser que j'allais sans doute encore dormir de 20h à 9h du matin. Je ne sais pas si les semaines où je dors comme une loutre sont les semaines où je me sens bien, ou l'inverse. Est-ce que je dors à ce point là car (attendez, Jude Law dans la pub pour Dior)








C'est bon. Oui donc est-ce que je dors à ce point car je n'ai envie de rien ou juste car je suis bien et que mon corps a envie de profiter de cette bientitude pour se reposer de tout son être.
Je ne sais toujours pas mais je sais que je me sens parfois mal de dormir tant et d'être toujours si attirée par la couette, une fois debout. Jess m'a appelé, m'a parlé d'un bar, ou d'un autre, et puis peu importe, j'ai enfilé un col roulé et me suis battue avec mon sèche-cheveux pour faire quelque chose de ces baguettes plates qui pendent de mon crâne.
Y'a un truc dans ma vie, que je trouve trop sexy, c'est le col roulé avec la veste en cuir, pas fermée, la veste! Juste portée par dessus comme ça, les cheveux dedans aussi, dans le dos, dans le col de la veste en cuir parce qu'on a pas pris le temps de passer ses mains dedans pour les faire jaillir en dehors du vêtement. Je sais que j'ai vu ça dans un film, cette addition, du col et du cuir, et j'ai quasi l'image en tête, mais c'était il y a bien longtemps et aucun nom ne me revient.

24.3.10

J'ai mal à la tête tellement que l'écran de la télé jette des petits sabres dans mon cerveau. Si vous croyez vouloir posséder les escarpins de la photo veuillez m'envoyer un mail (ou un commentaire, ce qui revient au même), nous ferons alors plus ample connaissance :)

ps: taille 39!

23.3.10

L'épreuve de l'ascenseur accompagné est toujours une chose très difficile pour moi. Moi qui déteste être si proche des gens. Dans le métro à la rigueur, ça a peu d'importance, tout le monde est là pour la même chose, on est collé, mais on l'est à 50, on a une excuse.
Mon ascenseur est microscopique, on ne peut pas tenir à trois. Une personne + un sac de course est un grand maximum. Sauf que mon immeuble est pourvu de docteurs, et un dentiste habite en face de ma porte. Je me retrouve donc très souvent collée à un inconnu, à poser cette question que je ne prononce même plus "Quel étage?".
Ce soir je me suis retrouvée avec un homme, il avait une jambe dans une attelle, et pourtant allait chez le dentiste. Comme quoi une jambe cassée peut aussi avoir mal aux dents. Quand j'ai dis que j'allais au quatrième étage il m'a dit "Ah oui, chez le dentiste?!", se sentant obligé de démarrer une conversation, la proximité aidant. "Non, moi, je ne suis que la voisine du dentiste." Je ne m'étais jamais décrite ainsi. La voisine du dentiste.

German postcard by Krüger, nr. 900/300. Photo: Georg Michalke
Ces deux filles rentrent leurs ventres non???

22.3.10

Je fais des choses pas vraiment drôles pas vraiment agréables, qui donnent de nouveau la migraine même quand on croit déjà l'avoir. C'est le premier jour d'école de la semaine, je regarde les quatre prochains jours comme une immense piscine olympique qu'il va falloir traverser.
Regarder un dîner presque parfait c'est un peu comme manger une première fois, manger avec les yeux et la tête, ça a l'air délicieux et eux ils disent "oui mais c'était un peu mou", mon second repas c'est des nouilles ou du riz, et je dis jamais que c'est trop ceci ou trop cela, moi.
J'ai hâte d'être dans mon lit et de finir les sept pages qui me séparent de la fin de Running Man de Stephen King. Ce bouquin, je l'avais emprunté à maman quand j'étais petite, et je l'avais adoré. Maintenant que je n'habite plus dans la même maison qu'elle, j'ai été l'emprunter à la fnac, et j'ai tout autant adoré. C'est dingue, c'est je ne suis pas du tout Stephen Kingienne en général, mais là, ce livre est une drôle de vision de notre presque époque, effrayant et captivant à la fois.

21.3.10

C’était comme soulever doucement la mince chose séparant les croyances de la vérité. Un homme, en allant sous la couette d’une femme qui n’est pas la sienne, détruit quelque chose qui est interne à lui. Chose qui l’obsèdera ensuite, ou non. Elle travaillait avec les qui s’en veulent. Avec ceux qui en viennent à fixer le rebord de leur tasse pendant de longues minutes avant de parvenir à ingurgiter le thé qui marine à l’intérieur.

19.3.10

L'autre jour, quand les contrôleurs sont entrés dans la rame du tramway, j'ai directement sorti ma carte bleue. Quand le jeune homme s'est approché le l'ai informé que je n'avais pas de ticket et que oui, je payerai par carte. Sauf que voilà, la machine était en panne. Il a tenté de la démonter, en vain. J'étais de bonne humeur, j'ai même failli l'aider à réparer l'engin destiné à me ruiner. Mais rien n'y a fait. Il m'a alors proposé de descendre à la gare avec moi, et tous ses amis gris, de m'accompagner gaiement en chantant jusqu'au premier distributeur et d'ainsi m'escroquer de 50 euros juste avant que je monte dans mon foutu train.
Il était 5h50 du matin, j'ai accepté le deal. Me trimballer avec dix contrôleurs à mes pieds étaient quasiment un rêve de gamine. La gare était encore à 4 arrêts de tramway, il tenait fermement ma carte bleue dans sa main droite. J'ai tout de même tenté le tout pour le tout (là vous pensez à un coup de pied lune triple vrille, mais je suis bien trop sophistiquée pour ça). J'ai donc passé ces quatre arrêts de tram, à passer langoureusement mes doigts dans mes cheveux et à m'humidifier les lèvres plus que de raison.
En sortant, il m'a emmené à l'écart pour m'expliquer qu'il n'avait pas osé me supprimer mon amende devant les autres voyageurs qu'il avait aussi pénalisé mais qu'il n'allait pas me la faire payer à moi, qu'il me souhaitait une bonne journée. Je lui ai dis qu'il était un gentil homme. Il m'a conseillé de m'acheter des tickets. J'ai bien sentis qu'avec quelques efforts supplémentaires de ma part, il m'aurait gracieusement offert le carnet de dix, mais bon, faut pas abuser des bonnes choses. En tous cas, ce que j'ai retiré de cette expérience, c'est qu'il faut toujours acheter un ticket. Non en vérité, ce que j'en ai retiré, c'est que pour notre plus grand bonheur de fille, le coup de la fille marche toujours.

18.3.10

Quand je lis un bouquin, je ressens toujours le besoin de prononcer au moins une fois les noms des personnages, ou des villes inconnues, à voix haute. Je me surprends souvent moi-même, car le mot, une fois prononcé, ressemble rarement à l'idée que je m'en faisais, durant la lecture.

Image: chez Isèle

17.3.10

Photo-reportage


Ça, c'est le photo-reportage sur le séchage des culottes en milieu étudiant que je viens de faire il y a cinq minutes. Je trouve ça, énigmatique.

16.3.10

L'écrivain, dans son bouquin, il donnait son mail. J'avais acheté le roman la semaine précédente, choisis au hasard, pour moi, il l'avait sans doute écrit six mois avant, ou dans l'année. Un truc récent. Dans son bouquin, il écrit une lettre à sa femme, quelque chose d'érotique, et de magnifique. Il dit que ça pourrait être pour toutes les femmes mais lui l'écrit pour la sienne. Elle la lit dans un train, il lui écrit de se toucher les seins, il lui parle de ce qu'elle aime, sexuellement, parle de leurs habitudes, c'est intime, vrai, et vraiment inhabituel. A la fin il donne son e-mail, n'exige pas de retour, et je ne sais plus de quel manière il formule ça, mais je lui ai écris. Je me disais que ça n'arriverai nulle part, que quand un écrivain il donne son mail, c'est du faux, ça tombe sur l'inconnu qui porte le même nom. Pendant 5 jours je n'ai rien eu. Et subitement, une réponse signée EC. Au début, je ne comprenais pas de qui venait ce nouveau mail, qui débutait par

"Votre message m'a touché - pour le dire sans m'étendre davantage. J'avais écrit ce truc pour qu'il soit lu comme ça, vous savez comment il l'a été, finalement. Même à huit ans d'écart, cela fait plaisir, cela fait du bien. Merci."


Je me suis dis "HUIT ANS". HUIT ANS!
Et j'ai vraiment eu l'impression d'avoir écris dans le temps.
Je ne sais même pas décrire l'impression exacte que ça m'a fait de me rendre compte que je n'avais peut-être pas écris à un trentenaire récemment publié. Le fait de me rendre compte que je lui avais écris un mail sur des mots qu'il avait écrit huit ans auparavant, alors que moi, il y a huit ans, j'avais onze ans, et je n'écrivais pas encore.

Emmanuel Carrere, il est né en 1957, il a fait des films et écrit des livres. Celui de la lettre à Sophie, c'est Un roman russe.

15.3.10

Comme je n'ai pas école cet après-midi, je suis allée à Lidl, faire quelques courses. À Lidl, il n'y avait que des hommes rouges qui achetaient du vin rouge. Je vous jure, je n'y étais encore jamais allé à 14h, mais c'est apparemment l'heure exacte, de la piquette.
Je suis arrivée à la caisse et la caissière, ça faisait dix minutes qu'elle ne passait que des bouteilles de rouge et des bières, elle levait même plus la tête pour dire bonjour.
Et soudain, le tapis roulant lui a apporté mon "Mixa peau de bébé" sous les yeux, elle a subitement levé la tête genre "C'est une blague ou quoi?",
et non, c'était moi!
En sortant, un type sans dents m'a dit "Hey, j'achète mon vin à Lidl, hey, 1 euro 39 pour 12 degrés ça vaut l'coup!" Et j'ai trouvé ça hyper intéressant de raisonner de cette façon. De cette façon de coût au degré.

Sur l'image, ce sont mes cheveux devant la télé, et on dirait bien que Faustine a des tresses qui sont son écharpe :)

14.3.10

Mon passage chez le coiffeur ne vous a décidément pas échappé!
Oui j'avoue avoir été me faire masser le crâne par une jeune femme vraiment douée! Elle a bidouillé ma tête pendant presque trois heures, ce fut incroyable.
Je vais chez le coiffeur environ une fois tous les deux ans, c'est le genre de truc qui m'effraie incroyablement, à côté de ça, aller chez le dentiste est comme une douce journée de shopping.
À chaque fois je suis là, à me pincer les doigts, à m'écorcher les ongles pendant que la jeune femme brandit ses ciseaux. Je les connais les 2 cm qui se transforment en 20 cm en moins de trois coups de cisailles.
Finalement je suis ressortis avec une tête simple, différente mais simple comme j'aime. Je ne voulais pas plus foncé, elle m'a dit que ce ne serait pas plus foncé et finalement c'est plus foncé. Et étonnement, j'en suis ravie.

L'image date d'avant.

13.3.10

Je suis dans mon canapé, j'ai passé l'après-midi aux portes ouvertes de l'école. J'étais la seule de la classe à ne pas avoir de petit affichette à me coller dessus avec mon prénom, alors j'en ai pris une sur une table à côté des travaux, et elle était pas mal non plus, à coller sur son tee-shirt.
Maintenant, je crois que je vais faire de la linogravure.

12.3.10

Un homme m'a tendu un verre que j'ai décliné, il a dit pourtant c'est pas donné, je me suis rendue compte que je n'avais jamais payé moi-même l'alcool que je buvais dans cet endroit. Je lui ai dis, il a trouvé ça chouette d'être une femme, et moins chouette de soudainement se faire avoir comme beaucoup d'autres. J'ai accepté le verre et je suis partie à la quête de "l'homme qui méritait le plus que je le lui offre." Prendre à un homme pour offrir à un autre finalement. J'ai regardé autour de moi et y'en avait un tas, des hommes, des hommes qui riaient fort, qui souriaient fort, qui parlaient fort et fumaient fort, ceux qui restaient immobiles et tentaient de réunir tout leur corps dans leur regard pour faire fondre avec les yeux.
J'ai choisis le seul garçon qui ne ressemblait à rien. Il était assis sur quelque chose proche du sol qui était peut-être le sol lui-même mais je l'espère pas, et il lisait, la bible. Au début j'ai déconné je l'ai vu j'ai hurlé à Faustine "Regarde y'a même un mec qui lit la bible!!!" parce que son livre était petit. Je me suis approchée, me suis accroupie proche de lui, et il m'a narré Saint Jean. C'était un jeune type, et là au milieu de la fumée de la musique des cris et de tout cet alcool, il se prenait une petite dose de Nazareth. Il me parlait comme si j'avais cinq ans, me disait alors là tu vois c'est Marie, et bien on la pardonne. Je suis restée accroupie jusqu'à ce que j'ai mal aux doigts de pieds parce que je me disais que c'était bien le seul moment depuis longtemps que j'écoutais quasiment avec passion des histoires qui me sont aussi inconnues. Avant de me lever, je lui ai donné mon verre, auquel je n'avais toujours pas touché. Nous sommes rentrées lorsque quelqu'un a dit qu'il était 5h alors que je croyais qu'il était 2h.
Le matin, lorsque je rentre chez moi, toujours après quelques heures de sommeil dans le canapé-lit de Faustine, je ressens toujours la même impression. Je n'arrive pas à passer la nuit entière dans un autre lit que le mien, alors je prends des forces, je sieste jusqu'à l'aube et je m'enfuis. Je renfile mes collants, la tenue dans laquelle j'ai passé la nuit, qui a un goût de cigarette, je n'ai qu'une hâte, c'est une douche brûlante sur ma peau.
Je sors de chez elle et c'est comme une libération, dans la rue, les gens vivent leur matin, moi je vis juste un creux de nuit.

L'image, c'est une sculpture de Marey, de l'envol d'un oiseau, magnifique! Une sculpture!

11.3.10

Ça fait maintenant une heure et neuf minutes que je me pose cette question "Faut-il payer pour la gloire de son école?"
Parce que voilà, il se trouve que demain et après demain, c'est les portes ouvertes, de mon école, à Lyon. Il se trouve aussi que les profs ont tenu à ce que j'expose entre autres, des peintures faites en début, des zoom de chasseurs, que j'avais, à l'époque, encadrée et accrochés au mur en y passant beaucoup de temps, et d'argent. Sauf que moi, à noël, je me suis dis, fais des cadeaux dans tes cadres! Et voilà que les cadres se retrouvent aux quatre coins de la France dans les maisons des gens de ma famille, et mes peintures, nues.
Je vous raconte pas la tête des professeurs quand je les ai rapportées mardi, ah, bon, mais, faudrait leur donner du relief un minimum, genre les contre coller sur des plaques, avec pourquoi pas même des épaisseurs différentes ouais ce serait dément!
Aujourd'hui, c'est l'installation, j'ai pas de "plaques" et pas un pied en dehors de ma couette non plus. Faut que j'y aille et en même temps je me dis qu'ils veulent des plaques pour que les visiteurs se disent "ah ouais quand même" et moi je m'en fiche comme une dingue qu'on se dise "ah ouais quand même". Et qu'on me fasse pas le coup du Oui mais quand même tu as été acceptée et tu bénéficies depuis presque deux ans maintenant de leurs cours plus passionnants que Nouveau look pour une nouvelle vie. et dieu seul sait comme je pleure à chaque fois devant ce truc quand la femme descend l'escalier lentement et que son mari la voit apparaître par les jambes et qu'il réagit tellement jamais assez à mon goût que je réagis à sa place et mouille l'accoudoir de mon canapé sur lequel mes yeux sont posés.

L'image c'est une peinture faite cette nuit.

10.3.10


Hier, je cherchais une pince à épiler. Chaque fois que j'achète une pince à épiler, elle tient un certain moment, et puis, un beau jour, elle n'épile plus. Elle glisse sur les poils comme si les deux parties métalliques s'étaient écartées. Cette fois-ci, c'était le cas de la pince coccinelles, ma préférée, achetée il y a très longtemps et offerte par maman. Elle avait toujours été la meilleure, cette pince, et là, bim, je n'arrivais plus à rien.
Alors j'ai ouvert mes tiroirs, j'ai fouillé partout et je suis tombé sur cette chose rectangulaire, emballée dans du papier aux jolis motifs. J'avais oublié cette chose, offerte par ma grand-mère qui est d'avantage mon arrière-grand-mère mais l'histoire est compliquée. Elle m'avait offert ce petit paquet la dernière fois que je suis allée la voir, elle m'avait dit qu'elle ne s'en servait jamais.
J'avais oublié le nombre astronomique de couches qui protègent la trousse en cuir. En tous cas, ce qui est sûr, c'est que la pince à épiler est dingue d'efficacité.

9.3.10


Ce soir un homme s'est assis à côté de moi dans le métro, le genre d'homme avec de belles chaussures et une veste colorée. Un "graphiste quoi" dirait mon copain Alexandre. En partant, il a laissé sur le siège une feuille pliée en quatre qu'il lisait pendant le voyage. C'était un mail, un mail imprimé, entre lui et une compagnie aérienne, avec son adresse à lui, en haut. Je crois sincèrement qu'il n'a pas du tout fait exprès d'oublier ça ici, mais je crois aussi que si j'avais eu l'envie de revoir ce garçon, j'aurai vu ça comme un signe de la vie, ou un autre de ces trucs qui fait que l'on en rêve ensuite la nuit, quand on a pas d'amoureux.
Aujourd'hui j'ai réfléchis au concept de montre. J'avoue que ça ne m'arrive pas tous les jours, de réfléchir à ce genre de chose, mais voilà, j'ai lu un passage d'un bouquin où un enfant croyait que plus on payait cher sa montre, plus elle indiquait l'heure exacte du monde. Je me suis dis, quand même, c'est étrange, quand on y pense, une montre. Une montre, c'est un peu trimballer l'heure à son poignet alors que l'heure c'est quoi, c'est rien. (On dirait quelque chose d'Eve Angeli)
Moi je n'ai jamais eu de montre, car je suis allergique au métal et sous les montres, il y a toujours un rond de métal qui me gratte et me fait des plaques ronges sur le bras. Je suis peut-être un peu allergique à l'heure et au décompte du temps qu'il reste.

8.3.10




Finalement, cette nana qui plonge me minait un peu. Même si je la trouve plutôt mignonne, j'ai fini par avoir peur qu'elle se blesse et puis j'ai fini par être persuadée qu'elle allait se blesser, voire même en finir.
Pas gai me direz-vous. Mais c'est ainsi. Enfin bon, je ne suis pas du genre à me faire confiance et je sais que cette nouvelle bannière ne restera sans doute pas dix ans. C'est comme ça, j'aime que ça change, je me lasse de mes travaux en moins de cinq minutes.
Pour cette fois, je voulais quelque chose d'un peu plus rigolo, qui est un peu moi, un peu moi qui fait la fête, qui est en vacances, les beaux jours, l'Amérique quoi.

7.3.10

ça, ce sont les doubles pages d'un journal sur les années 2000-2010 que l'on devait faire pour l'école. Vous pouvez cliquer dessus pour voir à une taille plus convenable.

Il fait une incroyable neige, je n'y croyais pas ce matin, je suis entrée dans la cuisine et j'ai crié. Je m'attendais à du soleil, à un ciel comme les jours précédents, mais là c'était le blizzard.
C'est le genre de température et de paysage qui me donne envie de regarder la télé, d'enchaîner les films. L'après-midi a coulé, on a refermé les volets, puis je les ai rouvert, mais il faisait déjà nuit derrière. J'ai fais bouillir des coquillettes, au beurre, au jambon. Le plat des personnes qui ne savent pas cuisiner.
Maintenant, trois garçons font des choses dans la pièce à côté, j'ai toujours beaucoup de mal à me mélanger, le dimanche soir.
Le dimanche soir, je ne sais pas jamais quelle va être ma réaction en entendant le réveil de 5h15 du lundi matin, alors je reste un peu immobile, j'attends d'avoir sommeil, je suis un peu triste, de voir le nombre d'heures diminuer avant de prendre le train qui va m'emmener juste trop loin à mon goût.


6.3.10

Y'a des jours, comme hier soir, où on se dit qu'on pourrait jouer dans une série américaine à la Buffy, où il est question de fluides négatifs et de forces du mal.
J'étais là en train de travailler sur mon mac de prêt gentiment installée sur mon lit qui me sert souvent de canapé, de chaise et de bureau à la fois, quand soudain, du noir. Un noir intersidéral a envahi l'écran avant même que je ne puisse dire OH M*RDE.
Alors voilà j'ai tout tenté, j'ai passé ma soirée à le cajoler, à lui lire des livres, je lui ai donné toute la batterie possible et inimaginable qu'il désirait, en vain, il restait immobile à ronronner, aussi noir qu'un cochon de Bigorre.
Je récapitulais sans cesse dans ma tête, donc, tu as apporté ton ordinateur à réparer pour un problème d'écran, on t'en prête un autre, qui décède moins de 24h plus tard.
J'ouvre mon dictionnaire: "La malédiction est un rituel appelant les puissances divines à exercer leur action punitive contre un individu."
Bon, moi j'dis ça, j'dis rien.
Ce matin, je rapporte donc l'animal blessé jusqu'à ses deux papas de chez youcast, qui se moquent, forcément, de mes fluides négatifs et m'avouent hésiter à mes prêter un second ordinateur. Chose que je comprends car j'avais moi-même failli hésiter à me servir de mon sèche-cheveux ce matin, on est jamais trop prévoyant.
Je ressors finalement avec un petit macbook tout de blanc vêtu et implore le ciel de nous laisser en paix. Je tiens à préciser que j'ai très envie d'une canette de coca mais que je n'ose pas boire à moins de 2 mètres de l'ordinateur, de peur qu'un petit troll vienne renverser mon verre sur le clavier ou tout autre fourberie malsaine.
Je suis toute désolée de consommer trois ordinateurs par semaine et de passer tellement de temps chez youcast que je songe à y laisser quelques fringues et une trousse de toilette.

:)
Bonne journée!


Les images sont des illustrations plutôt naïves pour des articles de journaux qui traitent du tsunami et des attentats du 11 septembre, je veux dire, ce ne sont pas des moqueries.

5.3.10

et c'était pour ça, le silence.

ça c'est moi quand j'étais avec Jude Law mardi, on se racontait des blagues

Je vous raconte pas mes incroyables tribulations d'ordinateur. La semaine dernière, une ligne apparaît sur l'écran de mon mac, une ligne bleue turquoise qui traverse l'écran de haut en bas. Je me décide lundi à l'amener chez youcast, mais à l'amener genre pour leur "montrer" l'écran, et encore je tiens mon ordinateur moi-même tellement il m'est précieux. Que neni! Je suis carrément repartie les mains vides, je me suis retrouvée sur le trottoir, seule comme le trottoir. L'angoisse. Je me suis vite rendue compte que sans mon ordi, je ne pouvais plus rien faire, j'ai passé mon après-midi à attendre à l'école, sans aucun de mes documents à travailler.
Le lendemain, je déboulais chez youcast enragée, rendez-moi mon engin finalement je garde la ligne bleue mais je ne peux pas vous le laisser d'avantage.
Et là ils répondent LA seule chose à laquelle je n'aurais jamais pu penser.
"AH MAIS on a transféré votre ordinateur sur Grenoble pour le SAV."
Je me suis dis, heureusement que c'est pas la Corée du Nord.
Je vous écris donc d'un ordinateur de prêt, vide, avec des comètes en fond d'écran.

1.3.10

ça, ça a du temps