30.9.09



Cette nuit j'ai rêvé que j'avais peint mon réflex en jaune, que je l'avais plongé dans la même peinture laquée jaune que celle utilisée pour mon petit meuble emmaüs.
Puis j'étais partie dans un autre pays, me balader dans des rues minuscules qui ressemblaient à un souk. Je portais l'appareil en bandoulière, j'étais fière. Et puis j'ai aperçu l'étalage de tartes, ou de gâteaux, je ne connais pas précisément le nom de cette chose mais je sais qu'il s'agissait vraiment d'un dessert que je n'avais jamais vu ailleurs que dans des dessins animés.
Je trouvais ça fou d'enfin trouver où ils étaient fabriqués.
Je me suis penchée par dessus le bar et j'ai interpellé la serveuse en lui criant excusez-moi! (là est apparu le vendeur de sandwich de la rue de la République qui m'a comme toujours répondu, Mais je vous excuse!) puis la serveuse s'est approchée et j'ai compris qu'elle ne parlait pas le français.
J'ai aligné mes plus beaux mots d'anglais pour lui demander si je pouvais prendre son magnifique étalage en photo pour ensuite le publier sur internet.
Au mot internet, elle fut offusquée et catégorique: NON.

29.9.09


La place Sathonay est une place par laquelle j'aimerais pouvoir passer pour aller à l'école. C'est la première chose que j'ai dessiné la toute première fois que je suis venue sur Lyon. J'étais avec Jess, perchée sur un haut muret, nos carnets sur les genoux. Une dame était passée, s'était arrêtée et nous avait dit que nous étions charmantes, la scène vue d'en bas, avait dû lui plaire.
Les arbres longs, les petites haies, les bancs, toujours occupés. Cette place est maintenant juste au-dessus de mon école, à quelques dizaines de mètres seulement, pourtant j'ai l'impression de ne jamais assez y aller.
C'est l'endroit le plus doux des environs.

Il y a de plus en plus de personnes, que je croise, qui me demandent de l'argent, des sous, une pièce, un hamburger. J'offre parfois mon sandwich à des jeunes filles affamées. Et je me demande souvent si ce genre de difficultés cessera un jour d'augmenter à vue d'œil, à chaque rentrée de chaque année.

Je suis de nouveau sur le grand escalier de la place Sathonay et je tiens à préciser qu'à l'instant, une femme vient de déposer des fleurs sur chacun des vélos attachés le long de l'allée centrale.

28.9.09



Ce soir je suis enfin parvenu à me glisser dans un bus. Qui a finalement été plus lent que mes propres pieds pour me ramener jusqu'à ma porte. C'était un bus si petit qu'il ressemblait à une longue voiture. Il y avait des jeunes, des plus âgés, j'avais l'impression de partir en vacances avec une association, il faisait chaud, et beau.
Je suis entrée et suis venue me placer debout à côté d'une jeune fille qui s'est empressée de me proposer sa place. Je lui ai répondu que je n'étais pas encore assez vieille pour la lui piquer. Elle est finalement descendue bien avant moi, je me suis assise sur son siège avant de moi-même le reproposer à un monsieur fatigué qui s'est contenté à son tour, de me le refuser.
Je ne sais pas pour quelle raison précise, mais j'étais bien, dans ce bus, le coude contre le rebord de la fenêtre, on filait sur les quais, je regardais l'eau, il y avait une chanson douce, une sorte de Don't know why, mais je n'y connais pas grand chose en Norah Jones.

La photo date de cet été, on était retourné dans cette immense fontaine plate, où les enfants jouent au foot dans les 2 cm d'eau.

27.9.09

26.9.09


Max, il prend des médicaments, depuis des années, pour tenir assis sur sa chaise. Pour calmer son hyper, son hyper, activité. Mais sinon il fait aussi des hyper-inventions et il a de l'hyper-créativité en lui, je trouve.

Je pourrai écrire la nuit entière, sur mon petit frère.

Max est à l'internat maintenant, il ne rentre que le week-end, en train, puis en bus. Il dort sur place avec d'autres enfants, mange sur place, fait ses devoirs sur place, passe ses mercredis après-midi, avec eux.

Et moi je cauchemarde. Je le vois entouré de femmes qui ne lui portent aucune attention, il est assis sur une chaise et il y reste, chaque fois qu'il veut se mettre debout, une des femmes passe devant lui et le rejette sur sa chaise. Il pleure, il pleure tellement et depuis tellement de temps qu'il n'a presque plus de cheveux sur la tête.

Le train de Paris est arrivé à Grenoble en fin de matinée, j'étais seule à la gare, assise sur la bordure, tata en est sortie, en fushia. On a pris un second train pour rentrer à la maison. C'est maintenant comme toujours, très effervescent.

On a mis le faux poney de Lou dans la voiture pour aller se promener le long du lac. Finalement le poney n'a pas quitté le coffre, mais j'ai finis devant le flash, au bord de l'eau, pull, tee-shirt et soutien-gorge ôtés.
Ce sera peut-être pour cette future exposition de photos dans le sud de la France, ou peut-être seulement, comme ça. Mais j'ai maintenant une croix à la gouache sur l'omoplate droite, sous mon pull, je ne la sens pas mais je sais qu'elle est là.
On a rangé l'appareil quelques minutes seulement avant que la pluie ne nous recouvre en entier, je sens encore quelques gouttes glisser dans mes cheveux.

Ce soir, c'est l'anniversaire de Max, maman a acheté du coca, puis on ira manger avec des baguettes. Je sais que les week-end, où les choses s'emmêlent s'enchaînent et se rencontrent, sont toujours bien plus longs. Il faudrait trouver une fonction à chaque seconde.

25.9.09



Je n'avais jamais vu ça, les grilles, toutes les grilles du métro, fermées. J'ai attendu un bus pendant une demi-heure avant de m'avouer vaincue et de reprendre mes jambes pour relier l'école à mon appartement.
J'ai l'impression qu'il n'y a plus aucun autre moyen de se déplacer dans la ville, que de marcher. Alors les gens marchent, les rues sont remplies, de gens qui marchent, en tee-shirt, même s'il fait froid, car tout le monde a chaud, tout le monde transpire.
J'en croise qui traînent des monticules de sacs et de valises, sur ce cours qui mène à la gare. Habiter loin de la gare m'empêcherai totalement de m'échapper de la ville, heureusement, je n'ai que quelques dizaines de mètres à parcourir pour pouvoir m'engouffrer dans un train. Et ma valise a des roulettes.

Ce matin je me suis levée très tôt, 9h tout au plus. Couchée 21h, levée 9h. C'était un peu comme si mon corps débordait alors je l'ai posé sur le matelas et j'ai fermé les yeux. Je me suis réveillée à 1h30 du matin avec la lumière de mon alcôve de chambre qui me faisait l'effet d'un soleil. J'ai éteins, la lampe et la télé et j'ai replongé.
Maintenant je sais que j'ai encore quelques heures avant l'école, que je vais enfin pouvoir en profiter pour aller chercher mon colis à la poste, arrivé il y a 5 jours. Mais voilà, les horaires de la poste étant encore plus restreints que ceux de mon école, je n'ai pas su me dédoubler avant.
Je vais aussi faire des courses, je vais enfin voir de quoi manger du vrai petit déjeuner et dîner des choses qui ne sont pas des pommes de terre carrées.

23.9.09

"hi jessica!

on monday i'm announcing a new Design Sponge project- a book! it's going to be a mix of home tours, diy projects and before & afters and we would LOVE to feature your before & after- do you by any chance have high res images of your project?

Grace"


J'ai accueilli ce mail avec un sourire, mon meuble, mon tout petit meuble jaune au milieu d'un livre rempli de trucs dingues. Lui qui était encore il n'y a pas si longtemps perdu au fond du salon d'une vieille mamie aigrie, une vieille mangeuse de compote. Je n'y crois pas je suis baba.
À présent je suis sur une sorte de petite île au centre de mon salon, mon canapé est parti dans l'appartement d'un monsieur afin de faire plus de place à mon imagination. Je vais pouvoir réinventer de nouvelle histoire entre ces quatre murs.
Je ne possède donc plus que ma chaise knoll trouvée dans un dépôt vente pour environ pas mal de centaines d'euros de moins qu'en magasin, ainsi que la table basse, sur laquelle je peux au moins poser mes pieds. Mes pieds fatigués par l'énorme grève de métro inattendue.
Toutes grilles fermées il était là à me narguer, et oui, prend tes jambes, ça te fera pas de mal. Et je les ai prise, mes jambes, et elle me font mal, mais mal.