24.2.11

C'était étrange, même si étrange n'est pas le mot. Je l'avais reconnu devant le mac do. À la caisse j'ai réfléchi, je ne voulais pas repasser devant lui. Au début, je ne voulais pas, pas du tout. C'était débile, juste car je ne savais pas quoi faire de moi, devant lui. Je ne savais pas comment faire devant un homme qui a perdu sa terrasse, ses plans de tomates, son salon, ses bouquins. Il avait une barbe de beaucoup de jours et la main tendue. Bien sûr j'ai pas pu regarder le sol, je lui ai souri. On a quasiment le même prénom. Il m'a parlé d'une chanson, de dessin, de Tao Te King, m'a conseillé des choses à lire, puis m'a parlé du ticket restaurant de cinq euros qu'un homme venait de lui donner, pour les courses du week-end. J'étais l'impuissante. C'est dur à accepter, quelqu'un qui soudain n'a plus que les poches de son manteau pour ranger ses affaires. Je me demande quoi faire, on se demande forcément quoi faire, à un moment où à un autre, quand on vit dans une ville où entre la maison et l'école, des gens vivent sur le sol.

L'image, c'est un été, Lou presque bébé, on faisait l'expérience de lui laisser sa doudoune, en août sous 30 degrés. Je crois qu'elle a mis un certain temps à comprendre la cause de son mal-être.

3 commentaires:

  1. Oh Lou! Quel chou!
    J'aime aussi ce genre d'expérience : )

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  2. elle va avoir 7 ans cette année, non ?

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  3. "On est capable d'envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l'espace, d'identifier un criminel à partir d'un cheveu ou d'une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d'informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue."
    d'après le livre: No et moi, de Delphine de Vigan

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