12.2.10


Vous avez déjà voyagé dans le camion d'un inconnu routier, juste derrière lui assise sur son lit-couchette avec son chien sans oeil?
Parce que moi oui. Et c'est un épisode de ma vie que j'ai mis très longtemps à raconter à ma mère.
Peut-être vous rappelez-vous que j'ai l'année passée, effectuée un stage chez Leg, une agence de pub parisienne. Habitant Lyon, lorsque j'ai reçu leur mail succinct et émouvant à la fois qui me disait de venir illico les voir avec mon book et mes conventions de stage, j'ai sauté dès le lendemain dans le premier covoiturage qui s'est présenté à moi.
Voilà, bon, c'était celui qui fallait pas choisir, les filles étaient drôles, le conducteur, discret, et tout allait pour le mieux jusqu'au moment où la voiture s'est mise à faire un bruit de vaisseau spatial.
Au bout d'un quart d'heure on s'est retrouvé sur une aire de repos, le moteur en vrac, toutes les trois faisant face au conducteur en lui hurlant de nous rendre notre argent.
On était quelque part, je ne me souviendrai jamais précisément où, entre Lyon et Paris, mais ça en fait des kilomètres. L'une de nous trois faisait des missions en Afrique, dans sa vie, et a trouvé ça tout à fait humain et pas du tout aventureux de se délaisser de nous pour monter seule dans la première voiture venue.
Nous nous sommes retrouvées à deux. Et on s'est élues meilleures amies de circonstances. On a décidé de poursuivre le périple, et de se jurer fidélité. J'avais mon énorme book sous le bras et mon long manteau, la première voiture sentait le cuir et le type roulait à plus de 200 km/h, il nous a abandonné au détour d'un péage puis nous avons passé une bonne demi-heure à arrêter les voitures et à quémander des kilomètres au chaud en direction de la capitale.
Autant vous dire que la suite s'est faite en poids lourds.
C'était juste, désert. Les poids lourds, ils roulent pas à plus de 90 km/h, même quand on les obligeaient à rouler à fond, ça voulait pas. C'est pas que j'avais un rendez-vous avec un drecteur artistique mais presque. Le second routier avait en effet un chien sans oeil qui me reniflait tandis que je prenais mes aises sur le matelas qui lui servait aussi de lit (qui se trouvait au-dessus du fauteuil conducteur) (mon acolyte ayant pris la place passager).
J'ai fais des photos, de ce moment là, je les ai quelque part dans un dossier. C'était fou, figurez-vous, de voir la route d'aussi haut, on était subjuguées, toutes les deux, comme des dingues, on croyait vivre une expérience inédite.
C'est là que j'ai appelé le directeur artistique, parce que bon, c'est pas que le Lyon-Paris commençait à prendre 8h mais presque. Je lui ai dis que j'étais dans un poids lourd et que j'aurais peut être un peu de retard, il a répondu que tant que j'arrivais avant 2h du mat ça allait.
Après trois camions et autant de péages, on s'est de nouveau retrouvé sur une aire d'autoroute, ça sentait presque la capitale mais pas encore tout à fait. On avait l'impression d'être dans un passage, un endroit où l'on avait passer la quasi totalité de notre journée alors que d'habitude, on ne s'y arrêtait que pour un pipi.
Un no man's land entre Lyon et Paris, j'étais perdue.
Sur cette dernière aire d'autoroute, on a été voir un beau monsieur qui nous appris que oui, en effet, il pouvait nous amener jusqu'à Paris (30km) pour la bonne et simple raison qu'il était taxi. On a tourné les talons et devant nos mines désolées il a accepté de nous y conduire pour le nombre de pièces de l'on avait en poche. Autant vous dire, quasiment rien.
J'ai donc bel et bien relié Lyon à Paris en 8h et lorsque j'ai franchis la porte des bureaux de chez Leg, je n'avais qu'une envie, prendre un aspégic et une bonne douche.


J'ai retrouvé le dossier de photos, et le panorama fait à ce moment là!

5 commentaires:

  1. Ah, une histoire où la vie s'amuse, j'adoore !
    :-))

    [Pour le camion, j'ai fait Toulouse-Bruxelles avec mes affaires assis à l'avant et au milieu entre les deux chauffeurs, dont Mademoiselle Ciguë. C'est lent mais c'est beau. Mais c'est lent… :-)) ].

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  2. ja-mais, je n'oserais faire un truc pareil!
    mais en même temps, quel bon souvenir cela laisse...

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  3. Je sais pas pourquoi mais j'avais la chanson "Road Trippin'" en tête pendant que je lisais l'article, et ça allait furieusement bien ensemble ...

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  4. Wah wah wah !!! L'aventure ^-^
    Ma mère m'aurait étripée si elle avait su un truc comme ça. J'ai traversé la France en moto, elle l'a su que 2 semaines après ^-^

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  5. Ah je rêve d'un petit stage chez Leg cet été.
    Je vois que t'as été y faire un tour et j'aurais bien aimé te demander à quel point ça a été génial, ce qu'ils attendent un peu de ton book pour y rentrer, etc...
    Juste voilà mon mail : laure.wilmot@hotmail.fr, si t'as un tout petit 5 minutes à me consacrer pour me dire en quelques lignes comment ça s'est passé... Je suis très interessée !
    Merci !

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