20.4.10

Je commence à avoir envie de vomir, j’attends calmement l’instant où il va me parler avec des mots que je ne comprendrais pas et auxquels je devrais répondre «Les QUOI?»
— L’autre jour on me demande de lancer un lot sur la mendc05, bon, je fais un JobPrep tu vois, et là, Valérie qui arrive et qui me dit que j’ai pas lancé les demises, des DEMISES tu entends ça, sur la mendc05!
— ...
Passer ce cap, je n’ai plus qu’à attendre le moment où il se rendra compte que je pige pas un mot de son vocabulaire et où il se donnera pour but de m’expliquer son boulot comme à une enfant de cinq ans.
— Bon en gros, ouais, c’est clair que je t’ai pas vraiment expliqué (rire de celui qui pense avoir un peu déconné, mais qui ne s’en veut pas vraiment) donc moi, je suis chargé de comment dire. Surveiller des gens, qui s’occupent de machines, qui servent à fabriquer des circuits électroniques, qui servent à faire marcher les télés.
— Ah oui, d’accord.
J’ai envie de vomir, je me demande si c’est parce que je lis trop les panneaux routiers, à défaut de l’écouter; ou si c’est le repas de midi. La lecture m’a toujours donné la nausée. Je me concentre donc sur la boîte à gants, sur son plastique astiqué avec soin. La laguna est verte foncé.
Je ne dis pas grand chose alors il me dit que je ne suis «pas très bavarde». Et à la fois je me dis qu’il y a moyen qu’il trouve ça craquant. Tout me désole. J’ai envie de lui demander s’il invite toujours les filles à poser leurs fesses sur une rambarde glacée pour leur premier rendez-vous. Je cherche quoi dire mais tout ce qui me vient à l’esprit me paraît trop insultant.
Nous venons de prendre la bretelle, nous filons sur l’autoroute, la route est droite mais il s’évertue à accélérer entre les radars. J’ai de plus en plus envie de vomir, ça me fait peur. Parfois il me pose une question à laquelle je réponds poliment. À un moment donné, il me touche l’épaule pour mieux me montrer l’endroit où il s’est fait opérer après un accident de moto. Je veux qu’il garde ses mains pour lui. Je n’aurais pas dû monter dans cette voiture, je n’aurais pas dû changer de chaussures. J’ai l’impression qu’il ne voit rien, qu’il ne se rend pas compte à quelle point il m’insupporte. Je m’en veux un peu de ne pas comprendre moi non plus, de le détester pour pas cher.

7 commentaires:

  1. Hélène / Biwi21 avril 2010 à 08:08

    Ca aussi c'est vraiment bien. Mais maintenant il va falloir cracher le morceau cocotte.
    C'est juste quelque chose comme ça, à la Daria Marx, ou est-ce que ça fait partie de quelque chose de plus conséquent, genre je sais pas moi, une nouvelle, un bouquin ??

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  2. Hélène Biwi, est que par hasard j'aurais le droit au code secret VIP pour lire ton blog ?

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  3. Je me pose la même question que Hélène,et j'aimerai bien avoir accès au blog moi aussi,parce que je me rapelle du temps ancien où je le lisais et que j'aimais bien.

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  4. Hélène: Je dirais rien. Sauf que ça fait parti d'un truc plus conséquent mais ça vaaaaaaaaaa t'arrête je dirai rien t'as compris!

    Elodie, Esther, May: Vous vous démerdez avec Hélène moi tout c'que j'ai à dire c'est que j'ai accès à son blog nananananèèèèère. Si vous saviez c'qu'elle y avoue en plus...

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  5. Hélène / Biwi21 avril 2010 à 22:12

    J'ai des examens la semaine prochaine, mais la semaine d'après on se voit et je te fais cracher le morceau... :)

    Pour les autres, j'ai besoin de vos adresses mail...
    helene-denis@hotmail.fr

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  6. Hélène / Biwi21 avril 2010 à 22:16

    Mais j'aime vraiment ce texte. C'est dingue ça. On dirait un mélange de Gavalda et de Pancol. Ou peut être du jessicalisse, mais je trouve ça vraiment bien.

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